Love for comfort & Li.

« TA GUEULE. OKAY ? TA GUEULE. Ou je te l'éclate. » Queen serrait la gorge d'un homme, qui l'avait sérieusement cherché. L'homme dont le visage devenait rouge, était déjà plus penaud que tout à l'heure. Et Queen avait du mal à avaler la connerie que ce mec lui avait dit. La colère montait, montait et ne s'arrêtait plus. Elle le rongeait de l'intérieur, et il lâcha brusquement l'homme qui tomba à terre. Serrant le poing, et se tournant vers les clients du bar où il était, le patron conciliant qui le connaissait, ferma les yeux lui faisant signe de sortir. Queen s'avanca vers lui, et prononca un maigre « Désolé. » Et sur cela, il sortit du bar embraquant son manteau.

C'était son jour de repos aujourd'hui, et il avait incroyablement mal commencé. A cause d'une parole blessante, tout avait dérapé, et Queen ne décolérait pas, mains enfoncés dans son manteau, menton caché dans le col. Il fixait un point, mais ne savait où il allait. Il repensait à cette dispute, surement débile, mais ce mot blessant. « Fils de pute. » L'homme l'avait atteint, très profond. Sa mère n'était pas une prostituée mais une toxicomane, et Queen essayait d'oublier tous ces événements. Son père violent, son enfance horrible et toutes ses heures à se cacher pour ne pas se prendre une raclée. Les heures à traîner dans les rues, et à oser ... trop. Il ne pouvait plus penser à ça, sans avoir la haine, la rage. Sa vie n'avait pas été un conte de fée loin de là, et les gens n'avaient eus qu'un petit apercu de son calvaire.

A deux ans, il s'en sortait avec le nez cassé. A six ans, il volait son premier repas et à dix ans il se faisait arrêter pour vandalisme. Il tournait très mal, et se prit deux ans de centre de redressement à quatorze ans. A seize ans il en sortait, et recommençait ses grosses conneries, trafic en touts genres, vol et même cambriolage. A dix huit ans, il voyait une annonce et rentrait dans les pompiers, avec un apprentissage plutôt douloureux. Il s'était habitué au sport, et aujourd'hui, il avait un travail fixe, de l'argent chaque mois et une petite amie.

Se saisissant de son portable, il lui laissa un message sur son répondeur. « Li, c'est Queen. Tu peux passer l'après midi avec moi ? J'ai pas super bien commencé la journée. Je te raconterais. Rendez vous au parc du château au nom imprononçable. Tchao. » Soupirant lourdement, le froid l'atteignait. Il acheta un café, et passa le reste de la matinée à traîner dans les librairies, à acheter des babioles. Il fit une petite folie, un petit coup de cœur pour une chaîne. Et à l'heure de midi, il se prit une pizza à emporter et marcha jusqu'au parc. Il paya son entrée avec de la monnaie et s'installa bien au fond, où le soleil l'atteignait et où il était caché. Ils avaient l'habitude de venir ici, pour passer une aprés midi calme.

S'allongeant sur l'herbe humide, il ferma les yeux et savoura le soleil sur sa peau quelques instants. Il se redressa ensuite, et commença à manger sa pizza, attendant sa chérie. Elle lui manquait constamment.

« Bon à rien » Marmonna Lillhia dans ses dents. Elle ressortait d'un entretien d'embauche. Il était vrai qu'elle ne pouvait plus se permettre de ne pas travailler. Non pas qu'elle s'ennuyait de ses journées, alors que Queen était à la caserne, mais elle avait toujours été une femme d'affaires, elle n'avait jamais supporté de ne rien faire - du moins qui ne serve à quelqu'un. Mais le problème ne venait pas du fait qu'elle était incapable de faire quoique ce soit, le problème était que ses entretiens se terminaient toujours mal. Elle se sentait obligée d'avoir une remarque désobligeante à l'égard de son interlocuteur, persuadée d'être dénigrée et percue comme une femme au foyer. Elle avait alors quitté Martyas Pince avec un air totalement désabusé, et replaça sa jupe droite correctement contre ses cuisses, avant de fermer un bouton de sa chemise blanche parfaitement repassée. Elle avait choisi les vêtements les plus classes qu'elle avait dans sa garde-robe, et tout ces efforts n'avaient servis à rien.

Elle devait voir sa mère dans l'après-midi. Cela faisait plusieurs semaines que celle-ci lui demandait de lui accorder une après-midi pour discuter un peu, et la seule journée que Lillhia avait trouvé était aujourd'hui. Une matinée passée en entretien, une après-midi à discuter d'elle. Elle ne se réjouissait pas vraiment de se voir parler avec sa mère. A 24 ans, elle avait l'impression de ne pas tout avoir réussi, de ne pas avoir été la fierté la plus honorable de la famille. Non, c'était Caeleese, la cadette, qui avait été attribuée à cette place de préférée. Cependant, Li et sa mère partageait une relation assez complice. Il était indéniable que chacune avait pour l'autre un grand respect, mais il y avait entre elles comme un lien amical, elle se retrouvaient comme entre amies. Alors Lillhia appela Grace, lui demandant de la retrouver à 14h devant l'Université. Elles iraient prendre un café ensemble.

A peine eut-elle raccroché et laissé tomber son portable dans le fond de son petit sac, celui-ci sonna de nouveau. Elle n'eut pas le temps de déccrocher, et soupira lorsqu'elle se rendit compte qu'elle avait manqué un appel de Queen. Elle savait que c'était son jours de repos, mais n'avait qu'une vague idée de ce qu'il avait décidé de faire de sa journée. Son appel l'inquiéta alors un temps soit peu. Elle écouta son message et sourit. Il avait une voix à la fois douce et légèrement cassée. Il n'avait pas l'air bien, il était d'autant plus rare qu'il lui demande si elle pouvait passer l'après-midi avec lui. Plus souvent, c'était une évidence. Elle accepterait, il était inutile de poser la question. Elle soupira longuement et rappela sa mère, s'excusant mille fois de cette nouvelle absence. A travers le combiné, elle comprit que Grace lui remontait délicatement les bretelles. Au milieu d'une dizaine d'excuses, Lillhia raccrocha et grimaça. Ce n'était pas la première fois qu'elle laissait ainsi tomber sa mère, et si cela continuait, la culpabilité finirait par la ronger de toutes parts. Elle s'acheta un café sur la route du Parc, et paya son entrée avec désarroi. Elle n'aimait vraiment pas donner de l'argent à tout bout de champs. Un peu avare, la Lillhia?

Elle apperçut Queen éloigné dans le parc et sourit lorsqu'elle se rendit compte qu'il avait pris place à leurs endroit. Il mangeait une pizza, il la faisait rire avec cet air enfantin constamment déssiné sur son visage. Elle prit place à côté de lui, lui sourit, et retira ses chaussures noires. Les talons lui faisaient horriblement mal aux pieds depuis quelques heures. Elle déposa un baiser contre la joue du jeune homme, et croisa ses jambes avant de fixer sa pizza avec envie.

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